Bien, si vous le voulez bien, nous continuons ce que nous avons commencé hier, c’est-à-dire quelques notions de base à propos de l’être humain et de ses limitations.
On peut se rappeler, en résumé, ce que nous avions déjà abordé hier. Nous avions commencé par la nature tripartite de l’être humain : corps, âme, esprit, en voyant que la psychologie et la psycho-anthropologie s’adressaient aussi bien à l’étude de l’âme qu’à celle de l’esprit, dans leurs relations avec le corps physique.
Ensuite, nous avions parlé de la double origine de l’être humain, qui est à la fois matérielle, terrestre, et spirituelle, grâce à cette essence que nous possédons et qui nous rapproche des mondes spirituels.
Après cela, nous nous étions davantage intéressés au monde de l’âme, du psychisme, et nous avions constaté que, malheureusement, lorsque nous observons les êtres humains, nous nous apercevons que leurs émotions et leurs pensées sont bien souvent plus proches de l’animal que de l’être humain réalisé.
Puis nous avions évoqué la tripartition de l’âme, telle qu’elle est abordée dans la psychologie, la psycho-anthropologie, et déjà auparavant par Rudolf Steiner dans la psychologie spirituelle.
Nous nous étions alors posé la question : « Pourquoi nos émotions et nos pensées sont-elles à ce point empreintes d’animalité ? »
La réponse nous était venue : cela vient de la structure tripartite de notre cerveau. Puisque nous sommes des êtres tricéphales, que nous avons trois cerveaux, nous avons réexaminé ensemble les caractéristiques du cerveau reptilien, celui qui nous rapproche des animaux les plus anciens, du cerveau limbique, que nous partageons avec les mammifères, et enfin du néocortex, le dernier apparu, apanage de l’Homme.
Nous avions vu que nous possédions donc deux cerveaux que l’on peut qualifier d’animaux, empreints d’animalité, et que seul le troisième nous élève à un niveau plus humain. Car, aujourd’hui, la pensée est souvent mal utilisée et nous rapproche de nombreuses catastrophes ; ce n’est donc pas encore une pensée susceptible d’amener l’Homme à exprimer pleinement son humanité véritable.
C’était la première limitation de l’être humain que nous avions vue, et nous avions observé les caractéristiques des attitudes humaines, à quel point elles étaient encore proches de l’animalité : d’une part, proches de tout ce qui est instinctif à travers l’égocentrisme, l’avidité, le besoin de territorialité, la compétition, l’instinct sexuel ; d’autre part, toutes nos attitudes restent empreintes d’animalité à travers les émotions négatives que nous ressentons, comme la peur, la jalousie, le désir, etc.
Toutes ces émotions mènent les hommes et le monde à des drames et des catastrophes. Voilà où nous en étions arrivés hier : nous avons uniquement examiné la première limitation de l’être humain due à sa nature animale.
La deuxième limitation : l’éducation et les conditionnements
Je vous avais dit hier qu’aujourd’hui nous parlerions d’une autre limitation, non moins grande, non moins contraignante… Qui peut être, à votre avis ?
L’éducation !
Son éducation, et donc ses conditionnements.
Tout le monde des conditionnements de l’être humain explique en grande partie toutes nos oppositions, toutes nos contradictions : entre la réalité et nos exigences, entre nos pensées et nos émotions, entre nos désirs et la réalité, ce qui montre à quel point nous sommes toujours dans un monde d’oppositions.
Exemples
Prenons l’exemple d’un enfant fortement imprégné de notions artistiques, de volonté de réaliser le beau, l’harmonie, qui est très proche de ces notions-là. Du fait de son éducation, il sera poussé à choisir une voie dans laquelle il développera non pas des qualités de cœur, artistiques, mais des qualités proches de l’intellect. On va lui demander d’être ingénieur, docteur, etc. Il se sentira poussé à adopter une carrière intellectuelle alors qu’au fond, toute sa nature le pousserait à faire autre chose. Là, on voit à quel point il y a en nous toujours une grande opposition, des contradictions entre une partie de notre être et une autre, à cause de tous ces conditionnements qui s’imposent à nous de manière souvent implacable.
Bien sûr, nous ne disons pas que les conditionnements sont mauvais, car, de même qu’on ne peut pas faire fi de notre nature animale, certains conditionnements sont évidemment bons. Ne serait-ce que parce que nous sommes des êtres vivant en société, dans le cadre de la famille ou de groupements sociaux, il faut qu’il y ait certaines normes, règles, lois que nous suivons. Il est donc normal que certains conditionnements s’imposent à nous.
Le gros problème n’est pas là.
Les conditionnements inconscients
Le problème, c’est que ces conditionnements s’imposent en général de manière complètement inconsciente. Nous ne sommes plus du tout conscients, au bout d’un moment, que nous faisons telle ou telle chose non pas parce que nous l’avons décidé, mais parce que ces conditionnements s’imposent à nous de l’extérieur. Parce que nous avons toujours vu fonctionner d’autres de cette manière, ou parce que nous avons reçu des messages de nos parents, de nos éducateurs, puis de la société. Tous ces messages sont extrêmement contraignants sans même que nous nous en apercevions.
Pour mieux comprendre cela, on peut examiner ces conditionnements en les rapprochant de la structure tripartite de notre cerveau. Il existe des types de conditionnements reliés à chacun de nos cerveaux.
1. Le conditionnement réflexe (cerveau reptilien)
C’est le conditionnement qui associe à un besoin naturel une stimulation extérieure.
Exemple : l’expérience de Pavlov. Il donnait à manger à ses chiens en faisant sonner une clochette. Les chiens salivaient. Puis, il se contentait de faire sonner la clochette, et les chiens salivaient déjà, ayant associé la clochette à la nourriture.
Nous faisons pareil : nous n’avons pas tous une clochette, mais nous avons une montre. « Ah, il est midi ! » Et là, nous ressentons le besoin de manger, parfois même nous commençons à saliver. Ces conditionnements réflexes sont le fait des animaux, mais aussi des humains.
2. Le conditionnement limbique (cerveau limbique)
Ce sont les conditionnements liés aux émotions : recherche du plaisir, évitement de la punition ou de la souffrance.
Exemples :
• Celui qui recherche la reconnaissance, l’attention, l’amour en aidant toujours les autres.
• Celui qui évite à tout prix les remontrances, se met en retrait, ne veut pas se faire remarquer, car il a appris que moins il se montre, moins il risque d’être grondé.
Ces conditionnements imprègnent notre nature au point que tous nos comportements et attitudes en sont empreints.
3. Le conditionnement néocortical (néocortex)
C’est tout ce qui nous pousse à penser, à imiter, à nous socialiser. Cela va de l’apprentissage de l’hygiène aux attitudes à adopter en société, que ce soit au niveau physique, émotionnel ou des schémas de pensée. C’est tout ce qu’on nous a inculqué, parfois sans que l’on s’en rende compte.
Exemples :
• Manière de manger, de marcher, d’utiliser ses couverts, etc.
• Idées reçues, opinions transmises par les parents, les professeurs, la société.
Certaines de ces idées sont anodines (ex : « Les Bordelais sont moins intéressants que les Toulousains »), mais d’autres sont bien plus graves et peuvent diriger la vie des peuples et des nations, menant à des conflits.
Aller au-delà des conditionnements
Aujourd’hui, ce qui serait très intéressant, c’est que nous puissions aller au-delà de tous ces conditionnements. Car, lorsque nous observons toute la gamme de nos attitudes, émotions et pensées, nous constatons qu’elles sont extrêmement limitées et non libres, renvoyant à notre part d’animalité ou à nos conditionnements.
En psycho-anthropologie, on dit que nous sommes faits à 95 % de cela : notre nature animale d’une part, nos conditionnements d’autre part. Quand je dis 95 %, c’est sûrement optimiste, car cela voudrait dire que nous sommes 5 % nous-mêmes.
Quand on commence à s’observer authentiquement, on se rend compte que ce n’est pas exagéré du tout : nous sommes complètement cela.
Conclusion
Le défi qui est lancé à l’être humain, sur un chemin de réalisation de soi, c’est de sortir de ces comportements animaux en les mettant à leur juste place. Il ne s’agit pas de supprimer nos instincts ou nos émotions négatives, mais de leur donner leur juste place.
Il s’agit aussi de repérer tous nos conditionnements, d’en être davantage conscients, pour ne garder que ceux qui sont utiles à la vie en société, et remettre en question ou éliminer les autres.
Ce chemin passe d’abord par l’observation : observer ses instincts, ses émotions, ses conditionnements, ses attitudes physiques, ses gestes, ses schémas de pensée. Ce n’est qu’après cette observation que l’on peut décider de ce que l’on souhaite garder ou transformer.
C’est tout le travail que nous faisons à travers les exercices et principes donnés par Selim Aïssel, pour remplacer en nous les éléments mécaniques et conditionnés par des éléments plus conscients, et nous élever à un niveau de conscience supérieur, où nous devenons des collaborateurs des forces créatrices de l’univers, et non plus seulement des pantins animés par notre nature animale ou nos conditionnements.
Voilà donc le grand but que nous pouvons nous proposer : arriver à nous créer nous-mêmes, à réaliser notre propre humanité.
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